Le 28 juillet dernier décédait Gisèle Halimi, militante féministe de la première heure. En cet après #MeToo, et alors que le féminisme revient sur la scène médiatique et dans la société, notamment auprès des plus jeunes, quels sont les mouvements féministes qui animent la société française ? Où en est, pour reprendre les mots de Gisèle Halimi, “la cause des femmes” en 2020 ?
Les grandes avancées du féminisme
Le féminisme se définit comme un « mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société ». Son principal objectif est l’égalité entre les femmes et les hommes, pour le mieux vivre-ensemble.
C’est le mouvement des suffragettes au Royaume Uni qui a marqué la véritable naissance du féminisme militant. En France, il a fallu attendre 1944 pour que les femmes obtiennent le droit de vote. Dans notre Code civil « napoléonien » de 1804, les femmes étaient d’abord placées sous l’autorité de leur père, puis de leur mari. Une société française patriarcale, où la femme devait disposer de l’autorisation de son mari pour exercer une activité professionnelle.
Les grandes figures féministes
Des figures féministes françaises ont réussi à changer l’histoire. Olympe de Gouges notamment, intellectuelle et figure politique qui fut notre première féministe. C’est à elle que l’on doit l’instauration du divorce en France dès 1792. Deuxième grande figure du féminisme, Simone de Beauvoir dénonçait l’infériorité de la femme dans son ouvrage Le deuxième sexe dès 1949 et critiquait le fameux « plafond de verre » qui empêche les femmes d’accéder à des postes à responsabilité. Une problématique toujours d’actualité.
Il faudra ensuite attendre mai 1968 pour voir apparaître la première organisation française, intitulée Mouvement de libération des femmes (MLF), à qui l’on doit les premières lois relatives à l’égalité femmes hommes ‒ dont la loi relative à l’égalité salariale en 1972 ‒ et la légalisation de l’IVG en 1975 grâce à la loi Veil.
Des revendications communes
Toutes ces victoires témoignent des revendications communes aux différents mouvements : l’égalité, qu’elle soit politique, sociale ou juridique. Les années soixante-dix marquent ensuite un nouvel objectif : la réappropriation du corps face à la domination masculine.
Avec du recul, il est aujourd’hui possible de segmenter l’histoire du féminisme :
- La première vague, jusqu’au milieu de XXe siècle, prônait l’émancipation des femmes et l’égalité des droits
- Puis, une seconde vague a dénoncé la domination masculine, à la fois dans les sphères privée et publique
Peut-on parler d’une troisième vague ? Pas vraiment, puisque des clivages importants existent au sein des mouvements, à l’origine du pluriel « féminismes ».
Les mouvements féministes en 2020
Gisèle Halimi, avocate et femme politique, a été une figure majeure du féminisme en France. C’est grâce à ses plaidoiries que le viol est reconnu comme un crime en 1980.
Depuis le MLF, d’autres organisations sont apparues. C’est le cas des Femen dès 2008, mouvement dénonçant la place des femmes dans la société et les violences qui leur sont faites. L’organisation Ni putes ni soumises lutte contre toutes les formes de violence faites aux femmes.
Dans un registre sans concession, l’une des figures actuelles du féminisme en France est Virginie Despentes. Le 1er mars dernier, elle publiait une tribune suite à l’attribution du César du meilleur réalisateur à Roman Polanski, accusé de violences sexuelles sur des dizaines de femmes.
Les actions féministes prennent différentes formes : manifestations, collages de slogans sur les murs, happenings. Notons l’importance prise par « l’activisme 2.0 » sur les réseaux sociaux.
Le terme de sororité, soit la solidarité entre femmes, est réapparu en France en 2007. Les manifestants #MeToo en 2017 en ont quant à eux fait leur devise : « Liberté, égalité, sororité ».
Conclusion
L’émancipation de la femme ne s’est pas conduite de manière spontanée, mais grâce aux combats de différentes figures et associations féministes à travers le monde. D’autres défis sont encore à relever comme la lutte contre les violences et l’égalité professionnelle. Légiférer est une condition nécessaire, mais pas suffisante. Instaurer la parité est-il la solution ? Seul un changement des mœurs pourra faire évoluer la condition de la femme.