Quelles pistes pour améliorer la vie en EHPAD ?

De la création de postes supplémentaires à la généralisation de la télémédecine, évocation des pistes d’amélioration de la qualité de vie en EHPAD des résidents, mais aussi des soignants…

Renforcer les effectifs du personnel soignant

Selon la DREES*, 500 000 personnes travaillent en établissements, soit 430 000 équivalents temps plein. Ces postes sont occupés à 87 % par des femmes. La problématique majeure pour maintenir ou améliorer la qualité de vie des personnes âgées dépendantes placées en établissement médicalisé concerne le manque d’effectif des équipes soignantes.

Le niveau de dépendance des résidents étant de plus en plus élevé, les soins médicotechniques augmentent constamment, pesant sur la charge de travail du personnel, mais également sur sa pénibilité physique et mentale. Le temps consacré au relationnel et à l’animation est fortement impacté par ce besoin d’une surveillance quasi constante des patients.

Presque la moitié des EHPAD déclare avoir des difficultés à recruter du personnel de santé qualifié. Par exemple, 9 % des EHPAD ont un poste d’aide-soignant(e) non pourvu depuis plus de 6 mois. Dues en partie à la mauvaise image des conditions de travail dans les EHPAD, ces difficultés proviennent également de la vision négative portée par la société sur le vieillissement, heureusement contrebalancée par de réelles vocations professionnelles.

Dans leur rapport d’information sur les EHPAD*, les députées Monique Iborra et Caroline Fiat ont proposé de définir un ratio opposable de personnel par résident, calculé à partir de leurs besoins, chaque EHPAD ayant sa particularité. Elles demandent ainsi l’établissement d’une norme minimale d’encadrement, qui reviendrait à doubler les effectifs du personnel soignant des EHPAD sur les 4 prochaines années.

Dans le plan pour les EHPAD*, présenté le 30 mai 2018 par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, la feuille de route « Grand âge et autonomie » vise à mieux prendre en charge la dépendance. La ministre propose notamment la création en urgence de 1 000 postes de jour supplémentaires et de 20 000 postes d’ici 2022 (pour un budget de 360 millions d’euros). La ministre évoque également le renfort du personnel médical de nuit, qu’il s’agisse d’infirmières ou d’aides-soignantes.

 

Prévenir la perte d’autonomie dès 65 ans

Le plan EHPAD*, présenté fin mai 2018 par la ministre de la Santé, prévoit d’allouer 15 millions d’euros pour le financement de plans de prévention en EHPAD, pilotés par les Agences Régionales de Santé. L’Assurance maladie portera ces moyens à 30 millions d’euros à partir de 2019, afin de prévenir la perte d’autonomie et de faire en sorte que les personnes âgées puissent rester à domicile.

Ainsi, toujours selon la feuille de route de la ministre, 100 millions d’euros seraient consacrés à la refonte du mode de financement de l’aide à domicile en 2019 et 2020. Objectif : rendre accessibles à tous les services d’aide à domicile des personnes âgées dépendantes et recruter du personnel qualifié.

Les rapporteurs de la mission EHPAD* proposent de mettre en place une consultation spécifique, à domicile et gratuite, effectuée par un médecin de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, accompagné d’un travailleur social du département, à l’âge de 65 ans, puis de 70 ans.

L’objectif principal serait d’évaluer l’état de santé et le niveau de dépendance de la personne âgée, de même que son niveau d’isolement. Cette consultation serait également l’occasion de l’informer sur les aides matérielles et financières dont elle peut bénéficier, qu’elle continue de vivre à son domicile ou doive éventuellement entrer en établissement.

 

Développer la télémédecine

Les EHPAD ne sont pas tous égaux quant à leur situation géographique, certains d’entre eux étant très éloignés d’un centre hospitalier. Équiper ceux-ci en matériel de télémédecine, comme cela est pratiqué dans certains pays comme le Danemark, permettrait aux résidents de participer à des téléconsultations, encadrées par le personnel soignant. Quatre domaines sont concernés : plaies et cicatrisation, douleur, psychogériatrie, gérontologie. Le plan EHPAD du ministère de la Santé se donne ainsi pour objectif la généralisation de la télémédecine d’ici 2022.

Les bénéfices de la télémédecine, en termes de soins aux résidents, sont multiples. Elle permet un accès facilité à une expertise spécialisée, quelle que soit la localisation géographique de l’EHPAD. La consultation n’exige pas de déplacement, limitant ainsi la fatigue et le stress du résident. Les soignants et la famille du résident peuvent assister à la consultation, ce qui facilite l’organisation de la prise en charge de la personne âgée et la communication avec les proches.

La télémédecine permet également la montée en compétences du personnel soignant, qui échange directement avec des spécialistes et est informée des bonnes pratiques.

 

Mettre en œuvre un plan de rénovation des EHPAD

Selon le rapport de la mission de l’Assemblée nationale sur les EHPAD rendu en mai 2018, la qualité de ces établissements médicalisés doit à présent être contrôlée par des organismes indépendants, certifiée et rendue publique.

Pour mettre en conformité les établissements qui ne répondent pas aux standards de confort minimum, un plan de rénovation des EHPAD doit être lancé par le gouvernement.

Dans une optique plus générale, des enquêtes de satisfaction vont être conduites par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans les établissements pour personnes âgées et diffusées dès 2019 afin de mieux définir les actions prioritaires à mener.

 

Créer des EHPAD dédiés à la prise en charge de la maladie d’Alzheimer

Aujourd’hui, 860 000 personnes âgées de 65 ans et plus souffrent de pathologies neurodégénératives de type Alzheimer. Ce nombre pourrait atteindre 1 million de sujets dans les 20 prochaines années. Les symptômes de troubles démentiels sont, dans une grande majorité des cas, la raison pour laquelle une personne entre en EHPAD. Le maintien à domicile posant des risques, autant pour le patient que pour son entourage.

C’est pourquoi la création d’EHPAD uniquement consacrés aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, permettrait une meilleure prise en charge des résidents, qui pourrait ainsi bénéficier d’un encadrement de santé spécialisé.

Recentrer l’hébergement sur l’accueil de personnes atteintes de troubles démentiels ouvrirait la possibilité de réinventer les EHPAD, qui pourraient devenir des plateformes diversifiées de services à la personne âgée, sans être forcément leur lieu de résidence. Pour cela, évaluer et prévenir la perte d’autonomie dès l’âge de 65 ans s’avère indispensable.

 

Sources :
– Enquête EHPA 2015 de la DREES. Cette enquête a lieu tous les 4 ans.
– Rapport d’information 2018 sur les EHPAD, réalisé par les députées Monique Iborra et Caroline Fiat pour la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale.
– Feuille de route « Grand âge et autonomie » du Plan EHPAD présenté fin mai 2018 par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

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